Au début du XIIIe siècle, Vital de Gontaut-Biron était sire de Montgaillard, seigneur de Villelongue et autres lieux. Il eut deux filles : Vianne, l’aînée, épousa Amanieu VI sire d’Albret et seigneur de Nérac, mais son mariage fut annulé pour cause de parenté. Elle se remaria avec le chevalier Hélie de Castillon, mais ils eurent rapidement des querelles de biens. En 1271, après avoir prouvé la fausseté du fait qui avait motivé sa séparation d’avec Amanieu, Vianne obtint l’annulation de son second mariage. Mais son premier mari s’était entretemps remarié.
Dès juillet 1271, Vianne avait donné la seigneurie de Montgaillard et ses dépendances à son neveu Jourdain V, comte de l’Isle Jourdain. Ce n’est pourtant qu’en 1279, après de nombreux épisodes judiciaires, que celui-ci put en prendre possession : le second mari de Vianne s’était empressé de vendre les propriétés de sa femme, lorsqu’il sut que celle-ci allait le quitter.
En 1279, l’Agenais (dont Villelongue) fut rétrocédé aux Anglais, suite au traité d’Amiens : Vianne naîtra donc sous tutelle anglaise.
Un acte de paréage (convention de droits et de devoirs réciproques) fut signé le 22 novembre 1284 entre Jehan de Grailly, sénéchal du roi d’Angleterre et Jourdain V, pour qu’une bastide soit construite sous la juridiction de Montgaillard. Elle aurait dû porter le nom de Villelongue puisqu’elle était construite sur le site de ce nom. Mais par un sentiment de reconnaissance bien naturel envers sa tante, Jourdain voulut qu’elle porte le nom de Vianne.
Vianne de Gontaut s’occupait de fondations pieuses depuis de nombreuses années, réalisant d’abord un couvent de Dominicains à Condom, puis un autre à Prouillan. C’est à Condom qu’elle mourut en février 1281, dans le premier de ces couvents.
LES BASTIDES
Au XIIIe siècle le sud-ouest de la France voit apparaître de nombreuses villes neuves, souvent fortifiées : les bastides.
Il s’agissait essentiellement de cités tracées d’un seul jet (a novo), où se regroupaient des personnes dont les intérêts, certes variés, n’en étaient pas moins convergents. Populations en errance (Cathares), brusque croissance démographique dans une longue période de paix, individus désireux d’échapper à la servitude, seigneurs et rois cherchant à coloniser aux limites de leurs possessions… Les intéressés ne manquaient pas.
Dotées d’un pouvoir politique local et démocratique, elles avaient une vocation économique et agricole : maison des consuls, marchés et foires devaient être rassemblés en un même lieu. La rationalité géométrique du monde gothique et son urbanisme (plan orthogonal, place centrale, attribution des parcelles, etc.), vont permettre leur développement.
La place est l’âme du village, quatre rues s’y coupent à angles droits, suivant un plan orthogonal (en damier) caractéristique des bastides ; elle réserve aussi un lieu à partir duquel un seul guetteur suffisait pour surveiller les quatre tours-portes. Afin de gérer les entrées, ces dernières étaient équipées d’un appareil de défense sophistiqué : herses, assommoirs, archères, gonds de portes inversés, bretèches, barbacanes, douves et pont levis… Les remparts de 1250 mètres de périmètre, étaient pourvus d’un chemin de ronde et de murs crénelés ; ceux-ci étaient par ailleurs percés à intervalles réguliers de trous de boulin, pour assembler les hourds en cas d’attaque. L’ensemble était complété de deux tours rondes et d’une autre carrée, placées dans les angles, toutes choses que l’on peut voir encore.